BIO Hassan Hajjaj



Hassan Hajjaj explore l’hybride et l’interculturel dans un univers visuel artisanal. Sans tomber dans le folklorique, il s’approprie un pop art “colorfoul” bien à lui et expose aujourd’hui en permanence au Riad Yima.

Un Pop’art à la sauce marocaine, un obsession chez Hassan Hajjaj
Hassan Hajjaj, photographe Marocain  résidant à Londres né à Larache en 1961,  Photographe, designer et scénographe, il élabore des concepts graphiques séduisants et bien pensés, et se lance, depuis ses débuts, dans le détournement artistique des objets puisés du Maroc et de l’Afrique du Nord.
Sa marque de fabrique est indiscutablement son penchant pour la parodie des images de marque et les logos-cultes. Il a récemment détourné les marques du géant des produits de luxe LVHM et  trafiqué, graphiquement, des articles de Louis Vuitton. Il dit que sa passion pour la culture des logos a commencé dans les années 80 à Londres du temps où il customisait, avec ses amis, des vêtements de contrefaçon.
 C’est ainsi qu’en 1984 il met toutes ses économies dans l’achat d’une boutique de prêt-à-porter sur la Neal Street, en plein cœur du mythique quartier commerçant de Covent Garden. Très vite, son style estampillé street fashion fait mouche dans le Londres branché et friand d’excentrisme, ce qui va lui permettre de se frayer un chemin dans le milieu de la musique et de la mode. Il est sollicité pour le tournage de plusieurs clips. “Je m’occupais des repérages et de la préparation des tournages”, précise-t-il. Il ouvre un tea-room qu’il appellera Yima. “J’ai fait de ce lieu une vitrine pour exposer des objets marocains revisités à la sauce occidentale”. La success story peut commencer. Elle le conduira à exposer ses installations et ses photos aux quatre coins du monde.

Retour aux racines

Passé maître de la récupération, Hassan Hajjaj est aussi connu sous le nom de Andy Wahloo (Rien), en référence à Andy Warhol, le maître du pop-art. “C’est le chanteur Rachid Taha qui m’a collé ce surnom lors d’une exposition que j’ai organisée à Paris en 2001”, explique Hassan. Un nom qui deviendra celui d’un restaurant parisien en 2003, qu’il va décorer de fond en comble.
En 1982, il est de retour au Maroc, qu’il tenait à faire découvrir à sa fille Zynha. Il replonge dans ses souvenirs sensoriels et réalise qu’il était temps de faire la jonction entre l’art occidental et la richesse de la culture marocaine. Et pour cela, il jette son dévolu sur la photo. “Ce n’est qu’en 1989 que je suis devenu photographe professionnel”, souligne-t-il. Il lance sa première collection de clichés mettant en scène des femmes marocaines en hijab avec des accessoires Gucci, Prada ou encore Louis Vuitton, qui fait un carton dans The Third Line Gallery à Dubaï. Depuis, Hassan Hajjaj a fait du détournement des objets et du mélange des codes un art qui l’a propulsé dans les plus grandes galeries internationales. A l’occasion de l’inauguration de la Matisse Art Gallery à Casablanca, en 2009, le public marocain est conquis par l’exposition intitulée “1430 in Casa”. Il renoue également avec les artistes marocains de passage ou installés dans la capitale britannique. “J’ai rencontré Hindi Zahra lors d’un concert intimiste à Londres. On s’est rappelés quelques mois plus tard pour travailler ensemble”, confie-t-il. Ils se retrouveront au Maroc pour une séance de photos destinées à illustrer la pochette de l’album de la chanteuse, Handmade.

La matière et l’espace

Hassan a choisi un style intuitif et ingénieux et a opté pour différents médias artistiques. Artisan et designer, il dessine et produit lui-même ses meubles (tables, lampes, tabourets et poufs) et ses vêtements allant des babouches aux djellabas funky. En recycleur fanstasque, il crée des lanternes truffées de cannettes, des meubles à la croisée entre les chaises et les caisses, et des cadres atypiques comme par exemple celles faites avec des pneus de motos. Ces petits bijoux cocasses sont en vente dans l’échoppe qu’il a ouverte à Shoreditch, un des quartiers branchés de Londres.
Au “The Exchange” à Cornwall, il a créé un espace d’art et de rencontres où la vie et l’art se côtoient, sur fond de motifs travaillés au millimètre et d’objets recyclés venant d’Afrique du Nord, juxtaposés à des articles anglais. Hassan Hajjaj a aussi pensé l’intérieur du restaurant parisien “Andy Wahloo” au design tradi-funky, surnommé “Marrakitsh” par la presse française.

Hassan Hajjaj revisite avec humour l’art visuel de l’Afrique du Nord, et le pousse vers les confins d’un art européen post-moderne. Son monde hybride est haut en couleur et truffé de références kitsch. En 2004, dans «1430 in Casa», il a occidentalisé son Maroc natal, immortalisant dans la foulée la délicieuse Hindi Zahra dans des clichés pop aux empreintes amazighes. Dans “Graffix from the Souk”, il a dépoussiéré les objets de son enfance, parodiant les pochettes d’allumettes, les boîtes de peinture et les pubs de Coca-Cola. Dans “Kesh angels”, il a montré des femmes en djellaba enfourchant des motos ou posant théâtralement devant des scooters modernes. Aujourd’hui, il continue sur sa  lancée évoluant vers un art plus osé, joyeusement farfelu.
L’artiste s’est installé à Londres à l’âge de 13 ans avec sa famille, et a grandi en s’imprégnant des styles reggae, hip hop et la musique wolrd. Amorcée dans des clubs et la production des groupes de musique, sa carrière a pris le virage de la mode en 1984 grâce à la ligne de vêtements sous le label RAP. De la mode, il a rapidement évolué vers l’art et la photographie, dressant des ponts graphiques entre les deux hémisphères.